10 700 euros. Voilà le plafond qui façonne la vie fiscale de milliers de bailleurs chaque année. Ce chiffre, loin d’être anodin, trace la frontière entre la stratégie gagnante et l’impasse comptable, du moins pour ceux qui jonglent avec les déficits fonciers et les règles parfois mouvantes de l’immobilier locatif. Car derrière ce seuil, tout change : la mécanique des régimes fiscaux, les obligations de déclaration, le jeu subtil des charges déductibles ou non. Et tout cela sans même évoquer l’irruption de nouvelles mesures sur les travaux d’efficacité énergétique ou les ajustements du micro-BIC. Autant dire que naviguer dans le labyrinthe de l’impôt sur le revenu locatif en 2025, c’est plus que jamais une affaire de précision, d’anticipation et, parfois, de flair.
Plan de l'article
- Revenus fonciers : de quoi parle-t-on et qui est concerné en 2025 ?
- Comment se calcule l’impôt sur le revenu locatif : étapes clés et notions à maîtriser
- Location meublée ou non meublée : quels régimes fiscaux et quelles conséquences sur votre imposition ?
- Dépenses déductibles, obligations déclaratives et nouveautés fiscales à connaître pour les propriétaires bailleurs
Revenus fonciers : de quoi parle-t-on et qui est concerné en 2025 ?
Le revenu foncier correspond aux montants encaissés par le propriétaire d’un logement mis en location nue. C’est le socle des locations classiques, à distinguer du revenu locatif tiré d’une location meublée, qui ouvre sur un autre régime : celui des bénéfices industriels et commerciaux (BIC). En 2025, cette différenciation reste déterminante pour choisir la bonne voie fiscale lors d’un investissement locatif.
Plusieurs profils sont concernés :
- le propriétaire, responsable de la déclaration des loyers perçus chaque année,
- le locataire, qui règle ces loyers conformément au contrat signé,
- les structures comme la SCI (société civile immobilière) ou la SCPI (société civile de placement immobilier), soumises à des règles de gestion et de déclaration spécifiques.
La location vide entraîne une imposition sur les revenus fonciers, à déclarer sous le régime micro-foncier ou réel selon le montant des recettes et le choix du bailleur. Pour une location meublée, le micro-BIC ou le réel BIC s’appliquent, avec des règles de déduction distinctes. Les associés de SCI doivent utiliser le formulaire 2072, tandis que les détenteurs de parts de SCPI peuvent, sous conditions, imputer certains déficits fonciers sur leur revenu global, dans la limite prévue par la loi.
Cette année, chaque investisseur doit bien jauger la structure de détention, le type de bail et l’ensemble des charges pesant sur le bien pour adapter la fiscalité de ses revenus locatifs à ses objectifs patrimoniaux.
Comment se calcule l’impôt sur le revenu locatif : étapes clés et notions à maîtriser
Pour évaluer l’impôt sur le revenu locatif, il faut d’abord cerner le régime fiscal selon la nature du bien et le mode de location. Pour une location vide, les revenus fonciers sont soumis à l’impôt sur le revenu, augmentés de prélèvements sociaux fixés à 17,2 %. L’impôt en lui-même dépend de la tranche marginale d’imposition (TMI) : 0 %, 11 %, 30 %, 41 % ou 45 %, selon le niveau des revenus du foyer.
Le calcul du revenu foncier imposable commence par la soustraction des charges déductibles (intérêts d’emprunt, travaux, taxe foncière, frais de gestion) aux loyers perçus. Ce montant s’additionne au revenu global du foyer, pour application du taux d’imposition correspondant. Si les charges dépassent les loyers encaissés, un déficit foncier apparaît : jusqu’à 10 700 € peuvent être déduits chaque année du revenu global, l’excédent étant reportable sur dix ans, mais seulement sur les revenus fonciers futurs.
La taxe foncière vient s’ajouter : elle repose sur la valeur locative cadastrale du bien, minorée d’un abattement de 50 %. Le taux est voté par la commune ou l’intercommunalité. Certains propriétaires bénéficient d’exonérations, selon leur situation (âge, ressources, allocations) ou lors de la mise en location d’un logement neuf. À noter : la taxe d’habitation ne concerne plus les résidences principales, mais reste due pour les résidences secondaires.
Chaque type de revenu locatif (foncier ou BIC) implique l’utilisation d’un formulaire spécifique lors de la déclaration : un point à ne pas négliger pour refléter fidèlement la situation fiscale du bailleur.
Location meublée ou non meublée : quels régimes fiscaux et quelles conséquences sur votre imposition ?
Le choix entre location meublée et location vide ne se résume pas à la gestion quotidienne du logement. Derrière l’apparente simplicité du mobilier ou non, la fiscalité et les obligations déclaratives divergent nettement. Pour la location vide, les revenus fonciers sont imposés soit sous le micro-foncier (revenus bruts annuels inférieurs à 15 000 €), soit sous le régime réel (au-delà de ce seuil ou sur option). Le micro-foncier donne droit à un abattement de 30 % ; au réel, toutes les charges réellement supportées (travaux, intérêts, taxe foncière, etc.) sont déductibles, avec un engagement de trois ans minimum.
En location meublée, le micro-BIC s’applique si les recettes ne dépassent pas 77 700 €. L’abattement grimpe à 50 %, sauf pour les meublés de tourisme non classés (30 %). Le régime réel BIC, accessible au-delà ou sur demande, offre la possibilité de déduire toutes les charges mais aussi d’amortir le bien, réduisant d’autant la base imposable. Cette déclaration passe par le formulaire 2031-SD.
Comparatif synthétique des régimes
Pour mieux visualiser les différences, voici les grandes lignes de chaque régime :
- Location vide : micro-foncier (abattement 30 %), réel (déduction intégrale des charges)
- Location meublée : micro-BIC (abattement 50 % ou 30 %), réel BIC (charges + amortissements déductibles)
La distinction entre LMNP (loueur en meublé non professionnel) et LMP (loueur en meublé professionnel) modifie la gestion des déficits. En LMNP, ils s’imputent uniquement sur les BIC meublés ; en LMP, ils peuvent être déduits du revenu global, sans limite de montant. Le choix du régime fiscal dépend donc du montant des revenus locatifs, du volume de charges et de la stratégie patrimoniale du bailleur.
Dépenses déductibles, obligations déclaratives et nouveautés fiscales à connaître pour les propriétaires bailleurs
La liste des charges déductibles reste relativement stable, mais il convient de bien cibler ce qui est réellement admis. Les intérêts d’emprunt, la taxe foncière, les frais de gestion, les assurances et, surtout, les travaux d’entretien ou de réparation viennent en réduction directe du revenu foncier sous le régime réel. Quant aux provisions pour charges de copropriété, seules les dépenses effectivement votées et non récupérables sur le locataire sont prises en compte. Dès que le total des charges dépasse les loyers perçus, un déficit foncier se forme : jusqu’à 10 700 € de ce déficit peuvent venir alléger le revenu global, le surplus restant imputable sur les revenus fonciers des dix années suivantes.
Déclarations : mode d’emploi selon le régime
Selon le régime fiscal, différents formulaires sont à utiliser :
- Micro-foncier : formulaire 2042, case 4BE
- Régime réel foncier : formulaire 2044
- Location meublée micro-BIC : formulaire 2042 C-PRO
- Location meublée réel BIC : formulaire 2031-SD
Le choix du formulaire dépend du type de bien, du mode de location et du régime fiscal adopté. Les associés de SCI sont tenus d’utiliser le formulaire 2072, alors que les porteurs de SCPI suivent une procédure spécifique, surtout en cas de déficit foncier.
Du côté des nouveautés fiscales, il faut surveiller les adaptations des dispositifs Pinel, Denormandie ou Malraux : conditions d’accès, taux de réduction, plafonds et secteurs éligibles évoluent chaque année. Toute modification dans la fiscalité de l’investissement locatif neuf ou rénové mérite une attention soutenue pour éviter les mauvaises surprises.
Au final, le pilotage de la fiscalité locative en 2025 ne relève plus de la simple formalité. C’est un véritable jeu d’équilibriste, où chaque choix, chaque case cochée, chaque chiffre aligné peut faire basculer le résultat. À vos calculs : la ligne qui sépare l’optimisation de la contrainte n’a jamais été aussi fine.

